LES ÉPIDÉMIES AUXQUELLES NOUS AVONS ÉCHAPPÉ

ARTICLE:

EBOLA
EN AFRIQUE DE L'OUEST

Comment l’amélioration des systèmes et des compétences à la suite d’épidémies mortelles a permis de contenir deux épidémies d’Ebola  
Resolve To Save Lives
Microscopic image of the Ebola virus
Image de virus: Photo du virus Ebola prise au microscope. Avec l’aimable autorisation de Frederick A. Murphy

À PROPOS D’EBOLA

Rare, mais mortelle, la maladie à virus Ebola est causée par un virus qui proviendrait des chauves-souris. Au cours des dernières années, les êtres humains sont également devenus des réservoirs du virus,1 le propageant par les fluides corporels.Bien que les épidémies d’Ebola aient été relativement peu fréquentes depuis la découverte du virus en 1976, elles se sont avérées dévastatrices, entraînant des taux de mortalité de 20 à 90 %.

Les premiers symptômes sont généralement d’apparence grippale, mais peuvent entraîner un dysfonctionnement du foie et des reins, ainsi que des hémorragies internes et externes.3 Les traitements, tels que les liquides oraux ou intraveineux et les anticorps monoclonaux, peuvent grandement améliorer les chances de survie.4 Des vaccins efficaces contre la souche Zaïre du virus sont disponibles depuis 2019, mais l’offre reste limitée.5 Néanmoins, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a été en mesure de coordonner la livraison rapide de vaccins lors des récentes épidémies.

En 2014-2016 et 2018-2020, les lacunes en matière de détection et de réponse ont entraîné des retards qui ont permis aux foyers de se transformer en épidémies. La première, en Afrique de l’Ouest, est apparue en Guinée et s’est étendue au Liberia et à la Sierra Leone, ainsi qu’à sept autres pays entre 2014 et 2016, dont les États-Unis et l’Italie. Des analyses ultérieures ont mis en évidence des défaillances qui ont entravé les efforts de riposte.6

Au cours de la dernière décennie, deux épidémies d’Ebola ont coûté la vie à près de 14 000 personnes.

En 2014, la Guinée ne disposait pas de système officiel d’intervention d’urgence, ni d’agence de santé publique, ni d’épidémiologistes de terrain formés.7  La communication sur la manière de limiter le risque de propagation d’Ebola a été mal gérée, ce qui a entraîné de la méfiance et la diffusion virale de fausses informations ; une de ces rumeurs était que le virus n’existait même pas.8 Que des régions entières du pays aient été simultanément bouclées afin d’éviter la propagation de maladies n’a fait que renforcer la culture de la peur.9 Des contrôles aux frontières visant à limiter la propagation aux pays voisins n’ont été instaurés que cinq mois après la déclaration de l’épidémie.10 Les vaccins n’étaient pas disponibles au début de l’épidémie et, alors que celle-ci évoluait, seules les personnes participant à des essais cliniques pouvaient y avoir accès. Le lancement de la vaccination a également été entravé par des informations erronées selon lesquelles le vaccin rendait les femmes stériles ou les hommes impuissants.11

Lorsque l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest a pris fin en 2016, environ 28 600 personnes avaient été infectées et 11 325 étaient décédées. Le coût de cette épidémie pour l’économie mondiale a été estimé à 53 milliards de dollars.12

Bien qu’elle ait réussi à contenir plusieurs épidémies d’Ebola antérieures, la République démocratique du Congo (RDC) a été entravée dès le départ dans sa réponse en 2018, avec pour conséquence une épidémie qui a duré jusqu’en 2020. Le conflit régional en cours avait paralysé le système de surveillance des maladies et les professionnels de santé étaient en grève en raison d’un litige lié au paiement des salaires en mai 2018, période durant laquelle des enquêtes ont révélé par la suite que le premier cas d’Ebola était apparu.13 De ce fait, aucun cas suspect n’a été détecté et aucune alerte n’a été émise pendant deux mois. L’épidémie a pris une telle ampleur qu’à son paroxysme, 16 000 intervenants locaux ont été nécessaires, en plus des 1 500 personnes dépêchées par l’OMS et de celles déployées par d’autres partenaires internationaux.14 171 professionnels de santé ont été infectés,15 et au total, l’épidémie a coûté la vie à 2 280 personn